Samedi dernier, un vent en provenance de la côte basque semblait envahir les rues de notre chère ville Bordelaise dont l’épicentre se situait au 65 rue du pas saint Georges. Se tenait à cette adresse, l’exposition d’oeuvres photographiques, souvent illustrées par des textes, des poèmes et completées par des dessins. Cette exposition à Kulte store rendait l’ambiance plus conviviale. On s’adonnait totalement au profit de cet instant : un verre de vin à la main, le regard emprunt d’une grande fascination et cette musique qui nous déconnectait. Le trio gagnant pour cette escapade. Loin des vernissages classiques dans une salle vide, aux personnes teintées de snobisme.
Elisa Routa, cette jeune artiste en plein envol est une surprise humaine. Autant sur le plan relationnel où elle est si abordable et adorable, tellement entière et au capital sympathie incommensurable. Le genre de fille que l’on admire sans vraiment connaitre, juste parce qu’elle dégage des ondes positives. Sur le plan artistique c’est pareil. Touche à tout, on la découvre dans divers exercices ayant tous le même effet : la capacité à nous faire réagir, à susciter en nous une émotion. Que l’on soit dans ce lieu par hasard, happé par la lumière d’une boutique de vêtements encore ouverte à cette heure inhabituelle, ou tout simplement en ayant planifié cet évènement. On y a croisé beaucoup de nostalgiques natifs du pays Basque, dont les yeux s’illuminaient à la vue des tirages noir et blanc des paysages qui leur sont familiers.
Ses oeuvres nous parlent quelque part : notre amour de l’océan qui se perd en cette période hivernale, le soleil et les plages qui viennent à nous manquer, les vagues de l’Atlantique et ces surfeurs que l’on a à peine osé regarder à leur sortie de l’eau. Tous ces moments sont ravivés par les photos : de véritables madeleines de Proust. On y note aussi des plus atypiques notamment celles traduisant des instants éphémères. Pour n’en citer qu’une ce serait celle prise sur le pont, avec les mouettes disposées un peu partout. La reproduction totale voire partielle est impossible. Cet instant insaisissable à nouveau, rend ce moment intemporel.
Qui êtes vous ?
D’où vous est venu votre goût pour la photo, l’écriture ?
Quels appareils photos utilisez vous ?
En règle générale, je me ballade toujours avec mon cher et tendre Praktika et mon Zenith E. Les hommes de ma vie, après mon frère. C’est plus lourd qu’un numérique mais plus authentique. L’erreur et l’imperfection deviennent belles et subtiles. Ca aide quand on aime ce qui n’est pas vraiment beau.
Disons que j’ai eu la chance d’exposer au Vent d’Ouest à Anglet l’été dernier avec un ami, Greg Moyano. C’était lors de la soirée de lancement du Ride n’ Rose (event glisse 100% girls). Le lieu est magique, une terrasse avec vue sur l’océan. L’endroit se prêtait parfaitement au thème de la soirée. Mais cette expo chez Kulte était ma première vraie expo en solo, comme une grande qui n’a pourtant jamais atteint ces 160 centimètres tant espérés et qui regarde encore des dessins animés le matin au réveil en mangeant des Krisprolls.
Comment vous êtes vous mise à chanter et surtout avec votre frère ?
Qu’est ce que ces arts par lesquels vous vous exprimez (photo, écriture, chanson) représentent pour vous ?
L’écriture représente la majorité de ma vie. Au même titre qu’un membre de ma famille (Maman, tu passes avant quand même). Je me sens réellement moi-même et libre quand j’écris, que ce soit sur mon calepin ou sur mon clavier. C’est une liberté sans limite, et j’ai la chance d’avoir une liberté rédactionnelle incroyable grâce aux magazines pour lesquels j’écris. Je n’ai aucune contrainte de style, de syntaxe, de vocabulaire, de formulation. La seule contrainte est celle que je m’impose puisque ça reste un investissement personnel et sentimental. Pour chaque article, je me livre intégralement. Je suis cash, à poil en fait. Je livre une partie de moi, une partie de ma vie finalement. Je veux éviter d’écrire pour simplement plaire à mon réd’ chef ou pour être approuvée. J’écris avant tout pour moi, pour me purger, pour souffler tout ce que j’ai dans la tête. Un peu comme John Coffee dans la Ligne verte. Ecrire un article dans un mag, c’est comme une exposition de photos où l’artiste n’est pas présent. Et c’est ce que j’aime: être dans les coulisses. Êtres là, mais pas vraiment là.
La photo, ça va avec. J’aime illustrer ce que j’écris, ce à quoi je pense. J’aime qu’il y ait une cohérence entre les mots et le visuel. La photo me demande moins d’investissement, c’est rigolo. (D’ailleurs, j’aime bien le mot ‘rigolo) Il est facile de faire une jolie photo mais plus difficile de lui donner du sens, de la faire parler, de la rendre vivante, de la rendre triste. Et grâce à l’argentique, j’ai trouvé une certaine harmonie avec mes textes.
La chanson, c’est toujours un moment plein d’émotions. Je ne pourrais absolument pas chanter sans mon frère. Il me donne de la force, c’est comme s’il me consolait quand il chante. « Oh sister, i’ve been listening to you. You’re more like a daisy, beautiful. You don’t need the sun to chine over the mist, or the others to exist ». (dans Inside Robbery) Il est mon pilier bien solide, mon autre, ma moitié bien plus forte. Je chante pas tous les quatre matins, je trouve ça juste apaisant de chanter avec Simon.
Combien de temps vous y consacrez ?
Etant donné que je travaille en tant que journaliste indépendante, j’écris 18h sur 24, environ. Ce qui me laisse 2 heures pour dormir, 1 heure pour manger, 2 heures pour prendre des photos, et ma dernière pour regarder des dessins animés.
Avez vous des projets futurs ?
M’exposer, littéralement, a été un pas difficile, du moins, pas évident, comme ça peut l’être pour d’autres artistes. J’ai encore du mal à montrer volontairement ce que je fais. Je doute encore de la pertinence de mes textes, de mes photos ou de mes dessins. Tout ça a du sens pour moi mais je me dis, est-ce que ça vaut le coup d’afficher tout ça en grand sur des murs en pierre et de boire des bières pour célébrer des photos noir et blanc 30×40 Je sais pas. Voyager biensur, et puis j’ai un projet de collab avec la marque Française Olow. J’ai la chance de rencontrer des gens adorables, simples, humbles et talentueux. Donc je vais rester dans mon terrier cet hiver je crois et continuer à écrire sans vraiment me poser de questions. Je continuerai à en poser aux autres.