Apprendre à gérer ses émotions
Nous sommes constamment assaillis par des émotions diverses tout au long de la journée : tristesse, joie, colère… Cela est tout à fait courant. Cependant, il semble que nous n’ayons jamais vraiment été formés à comprendre et à exprimer adéquatement ces émotions. En conséquence, nous manquons d’autonomie sur le plan émotionnel, selon Ariane Calvo, psychologue. Elle identifie plusieurs aspects à ce déficit d’autonomie :
Vivre en état de « survie » : « Vous percevez le monde comme une menace, vous vous préparez toujours au pire. Parfois, vous attaquez avant même que l’agression ne survienne, de peur d’être pris au dépourvu. Vous cherchez à contrôler votre entourage et vous devez être constamment informé de leurs actions pour vous sentir ‘en paix’. Vous n’êtes jamais vraiment tranquille, toujours en alerte, anticipant les difficultés futures. »
Tomber dans des pièges d’auto-manipulation subtils : « Votre plus grande peur, souvent inconsciente, est l’abandon. Ainsi, vous agissez de manière à ce que votre conjoint, vos enfants, vos parents, vos amis ne puissent jamais vous quitter. » Vous vous rendez indispensable, toujours à leur service, vous négligeant complètement.
Déresponsabilisation face aux émotions envahissantes : « Cela est toujours dû au comportement de quelqu’un d’autre, à des blessures d’enfance, ou à l’impossibilité de faire autrement… » Bref, ce n’est jamais « de votre faute ».
Cessez de dépendre des autres
Sans un travail personnel, ce manque d’autonomie nous rend dépendants des autres, de ceux qui pourraient nous « sauver ». Ainsi, nous plaçons notre bonheur et notre paix intérieure entre les mains d’autrui. « Nous espérons que quelqu’un d’autre apaise nos peurs, nous montre que nous méritons d’être aimés, nous valorise, nous donne confiance en nous… alors que nous sommes les seuls à pouvoir véritablement nous apporter tout cela. En attendre autant d’une autre personne est illusoire ».
C’est un échec assuré, car « c’est seulement en explorant nos propres ressources, en observant attentivement nos qualités, en soignant nos blessures et en développant notre confiance que nous pouvons progressivement devenir autonomes », ajoute Ariane Calvo.
Traitez vos peurs et vos traumatismes
Pour atteindre une autonomie émotionnelle et cesser de dépendre des autres, il est crucial de traiter en priorité ses traumatismes et ses peurs (peur de l’abandon, de la trahison, de ne pas être à la hauteur, de ne pas être aimable…). Ces blessures de l’enfance se répètent tout au long de notre vie. « Les mêmes scénarios se reproduisent, avec des acteurs et des décors différents. Mais au fond, nos problèmes de base restent souvent les mêmes. Tant que nous ne les avons pas affrontés, pris en charge, compris et traités, ils continueront à réapparaître, nous faisant croire à un auto-sabotage. En réalité, notre corps et notre esprit tentent de nous donner une chance de les résoudre définitivement. »
Libération et éveil…
En définitive, « au lieu d’être conditionnés, enfermés dans d’anciens schémas et en attente d’une solution extérieure pour résoudre nos problèmes, nous apprenons à être plus conscients de qui nous sommes, à comprendre les messages de nos émotions, à prendre en compte ce que nous ressentons, à l’utiliser pour grandir et progresser » explique l’experte.
Le secret pour satisfaire nos besoins par nous-mêmes ? Identifier ces besoins et comprendre ce qui nous permettrait de nous réaliser pleinement, d’atteindre le bonheur. C’est là que nos émotions jouent un rôle clé, car lorsqu’elles viennent frapper à notre porte, elles ont des choses à nous révéler sur nous-mêmes, pour nous libérer.
Nos experts :
Ariane Calvo, psychologue à Paris, auteure de L’Autonomie émotionnelle (éd. Robert Laffont)
Franck Andersen, psychothérapeute à Boulogne-Billancourt (92), auteur de La Résolution émotionnelle (éd. Leduc)
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